Orange
Avec son violon ridicule,
Sa coupe au bol d’aristocrate
Et l’air coincé de ses cellules,
Polo joue comme une patate.
Avec sa tronche de chinoise
Jeanne-la jeune un peu pompette
Ayant bu bien trop de cervoise
Essaye de jouer des baguettes.
Bouche bée notre soprano
Et sa tessiture à la noix
Ne savent faire que le Do,
Ce qui limite un peu nos choix.
Les deux autres énergumènes
Sur le côté avec l’air louche
Sont des experts en bruits de bouche,
Ils accompagnent nos sirènes.
Oui, nous sommes des amateurs,
Une petite troupe étrange
Qui, de tant danser en couleurs
Sa vie, est devenue orange.
Henri Matisse - Musique (1910)
