Il en faut du cœur pour s’embrasser sur la toile :
L’espace y est restreint, le cadre est oppressant,
Les chapeaux s’entrechoquent, tombent en avant
Et le grain dans le dos vous chatouille la moelle.
Puis il y a les passants, les badauds, tous ces gens
En tel besoin d’amour que, voyeurs, ils estiment
Être en droit d’observer nos moindres mouvements.
Alors, quand le tableau devient bien trop intime,
On fige la séquence au moment du baiser
Pour leur offrir sur l’heure un frisson d’aventure,
De verte espérance et de tendresse bleutée.
Tout compte fait qu’importe que dans la peinture,
Les amants soient verts, bleus ou de toute autre sorte,
Du moment que l’Amour vers vous s’y téléporte,
Car au fond dans la vie, vous figez vous aussi
Dans vos beaux souvenirs ces instants de magie.