J’ai peint beaucoup de tableaux, mais n’étais encore jamais entré dans une toile, avant que mon chien ce jour-là ne m’y propulse.
Être en toile est une drôle d’impression : on est conscient mais paralysé ; un peu comme dans le coma, on ne peut bouger ni communiquer. Il reste le regard, mais son pouvoir de communication dépend en partie de ce que les visiteurs voudront bien y lire. Il faut redoubler d’artifices avec le peintre pour susciter ce niveau unique d’émotion partagée, hors du temps et partout.
Ainsi, pour peu que le peintre y ait introduit ces éléments clés de communication subtile, les tableaux sont vivants ; comme les animaux, il faut les écouter attentivement, partager avec eux et les faire vivre. Merci mon chien !
Quant à savoir si un jour de grandes toiles blanches s’animeront et même parleront d’elles-mêmes, c’est de la science-fiction. Nous en reparlerons dans cent ans.
(seraient représentés Alexandre Dumas, Hugo et Georges Sand, Paganini et Rossini, Liszt au piano et Marie d'Agoult)